L’organisation du chaos

Il faut bien faire un constat d’accélération de la visibilité des arcanes du pouvoir, nous sommes passés du spectacle de la gestion de la décadence à celui de l’organisation du chaos. La classe politico-médiatique a le calbut à la main et fait des moulinets sur son tas de billets en menaçant le peuple qui s’approche. Tout va bien.

Gardé par une haie de journalistes pointant vers la foule leurs éditos pointus tels les gardes suisses de la Bastille, un dernier carré de politicards télévisés s’ébroue dans une mare vénéneuse qui coule de la salle de bains, tentant de sodomiser tout ce qui bouge. Les grands éléphants blessés barrissent de fureur. DSK domine le lot, la trompe à la main il s’ essuie dans les draps, cachant à peine de son épais torse poilu de sautillants amis des enfants en djellaba qui chantent en rentrant de la mine guidées par une Blanche Neige enceinte. Au dessus de ce pandemonium plane Saint Bernard Tapie qui brandit son pentacle, c’est le Bal des Vampires, non c’est Rosemary’s baby ou un film halluciné de Frédéric Mitterrand M le Maudit, coproduit par Fritz Lang…

Tout va bien on vous dit, non ce n’est pas un vacarme de sorcières, un sabbat dément peuplé de Duhamel grimaçants et de Rut à balais survolant la file interminable des damnés de Lampedusa avançant dans une nuit déchirée des flammes oranges des tirs à l’arme automatique venus des banlieues et des braquages devenus quotidiens, non ce n’est pas une fresque gothique, un jugement dernier à demi effacé au mur d’une chapelle, un Jérôme Bosch en direct depuis les studios de télévision, c’est normal, le gouvernement travaille, il pose des radars et tout va bien.

La bande son aussi est normale, ce tambour étouffé ce sont les bombes de l’Otan qui pleuvent sur Tripoli, ces cris suraigus ceux des femmes jetées à la mer et le bruit de fond, le brouhaha mondain des commentateurs avisés ; Le trio Lévy, Bernard, Thierry et Elisabeth en contre-chant, mezzo voce quand même. Les choeurs sont volontaires, on y retrouve à peu près les même Enfoirés que d’habitude.

Non, braves gens, vous n’êtes pas victimes de visions, d’une hallucination collective au concombre andalou, pas encore du moins, ce cauchemar éveillé, ce boxon agité du haut-mal, du tarentulisme et de l’ergotisme est normal, c’est la République au stade tertiaire, quand le chancre s’attaque au cerveau, c’est l’étape foutraque et foutrée avant la suite, après le sperme viendra le sang, les turpitudes orientales, les courants clairs des rivières d’argent venues des rives du Sind et les révélations des derniers jours de la Ve.

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